Métamorphose à la Casa San Rafael

Voici la petite histoire de Jessika, une enfant de la Casa San Rafael:
Dernièrement, on a passé quelques jours à la Casa San Rafael. Il y avait là une petite fille de 3.5 ans, toute triste du nom de Jessika. Avant notre arrivée, sa maman l'y accompagnait mais vu qu'elle venait d'accoucher de son 11e enfant, elle était retournée chez elle avec le nouveau bébé. Jessika refusait complètement d'entrer en relation avec son entourage. On avait beau lui sourire, l'approcher, lui parler, essayer de l'intéresser aux activités des autres enfants, rien à faire. Son regard restait fixe et elle ne manifestait aucun intérêt. Sa bouche formait un gros U renversé comme on voit dans les caricatures.

Lyvia, la petite fille d'Esther Côté, une bénévole de CASIRA, avait remis à sa grand-mère une de ses poupées en lui disant de l'offrir à une enfant guatémaltèque. Elle a donc décidé de la lui offrir mais le résultat ne fut pas celui auquel on s'attendait. Ça ne l'intéressait pas du tout et quand une dame guatémaltèque l'a prise de ses bras, il a fallu y déposer nous même la poupée pour les besoins de la photo. Par contre, on a quand même dit à tous les enfants de la Casa, que cette poupée appartenait à Jessika et qu'elle pourrait l'apporter chez elle. Le groupe de bénévoles était persuadé qu'en plus de souffrir de malnutrition, elle devait avoir aussi un problème d'autisme.

Pour la 1ère fois, quand Yves est venu avec moi à cette Casa de convalescence et qu'il a joué avec les enfants, les rires fusaient tellement qu'elle a osé sortir de la maison afin de constater (de loin) ce qui s'y passait. Pour la première fois, sa bouche s'était arrondie. Quelques jours plus tard Pierrette réussit à la prendre dans ses bras en lui disant que sa maman reviendrait la chercher. Presque aussitôt, la petite s'y endormi.

Après une semaine à Antigua, une belle photo de Jessika nous attendait. Elle était toute souriante, même radieuse. Maintenant, elle berce sa poupée, commence à parler, rit et répète même le nom des couleurs. On n'aurait jamais cru, il y a quelques semaines, que cette enfant en était capable et je dois avouer qu'on a versé quelques larmes de joie.

Je tenais à partager avec vous cette belle histoire. Tout comme aux chantiers de construction, ce fut un travail d’équipe. Même si cette métamorphose devait être le seul événement positif de notre voyage, cela seul en valait la peine. Ce sera un de nos plus beaux souvenirs de ce voyage.
Claire Robitaille